Géoparc des Volcans : Valoriser un patrimoine unique pour un développement durable dans la province d’Ifrane

Mohammed Drihem

      Au cœur du Moyen Atlas central ; la province d’Ifrane se distingue par une richesse géologique, naturelle et culturelle exceptionnelle. Ce territoire, façonné par plus de 500 millions d’années d’histoire, constitue la plus vaste province volcanique en Afrique du Nord et parmi les cinq plus grands champs de maars au monde.

      Le patrimoine géologique de la province d’Ifrane ne se limite pas à ses seuls volcans éteints et ses coulées de lave mais il  englobe également des paysages karstiques d’une grande diversité  avec des dolines, des poljés, des reliefs ruiniformes, des grottes, des grabens et des paléolacs, ainsi que des formations rocheuses rares et spectaculaires. Ces témoins de l’histoire de la Terre offrent un éventail de sites à forte valeur scientifique, éducative et esthétique, permettant de retracer les grandes étapes de l’évolution géologique du Moyen Atlas.

      Le potentiel de la province en matière de développement durable, d’écotourisme et de valorisation scientifique en fait un espace stratégique à l’échelle nationale et internationale. C’est dans cette perspective que l’idée de création du Géoparc des Volcans est une initiative ambitieuse qui vise à protéger et valoriser le géopatrimoine de la région tout en créant un levier de développement local et rural. L’objectif est de bâtir un modèle intégré qui relie la préservation du patrimoine naturel à la dynamisation économique et sociale des territoires.

      Au-delà de la conservation, la reconnaissance internationale de ce patrimoine ambitionne de structurer une offre de géotourisme durable, respectueuse des écosystèmes et fondée sur la découverte des paysages, de la géologie, de la biodiversité et du patrimoine culturel local. Ce tourisme de proximité, authentique et responsable, constitue une alternative concrète pour revitaliser les zones rurales, en créant des emplois (guides, artisans, hébergeurs, animateurs culturels) et en valorisant les savoir-faire traditionnels et les produits du terroir.

       La province volcanique d’Ifrane peut devenir un espace d’éducation et de sensibilisation à l’environnement et au changement climatique. Il pourrait accueillir des programmes pédagogiques, des activités scientifiques et des circuits d’interprétation du paysage destinés aux écoles, universités et visiteurs. À terme, une inscription dans le Réseau mondial de l’UNESCO offrirait à ce patrimoine unique, une reconnaissance internationale et un cadre de gestion durable conforme aux standards mondiaux.

       Dans un contexte où le tourisme marocain reste majoritairement concentré dans les grandes villes et sur le littoral, la province volcanique d’Ifrane représente une opportunité exceptionnelle de diversification territoriale. En reliant science, culture et développement local, il ouvre la voie à une économie plus équitable et résiliente, fondée sur la valorisation du patrimoine commun et la préservation des ressources pour les générations futures.
        Selon le Président de l’Association Atlas Patrimoine Dr. Hassan ACHIBAN, chercheur en Géosciences  porteuse du projet de création du Géoparc des Volcans d’Ifrane; le patrimoine culturel et naturel du Moyen Atlas central constitue un trésor d’une valeur inestimable, dont la préservation et la valorisation doivent être érigées en priorité nationale.

      Dans ce cadre avait-il ajouté ; nous œuvrons au sein de notre association qui regroupe des chercheurs pluridisciplinaires et des professeurs universitaires issus notamment de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, l’Université Abdelmalek Essaâdi, l’Université Sultan Moulay Slimane, ainsi que d’autres partenaires marocains et internationaux à faire reconnaître et promouvoir un patrimoine unique, à la croisée de la science, de la culture et du développement durable.

       Concrètement at-il précisé, l’Association s’implique dans des projets de géotourisme, d’éducation environnementale et de développement local participatif, avec une ambition claire : faire du patrimoine qu’il soit géologique, écologique ou culturel, un levier de développement pour les communautés rurales. Le géotourisme, en particulier, offre un modèle de tourisme intelligent, axé sur la connaissance, le respect du territoire et la création d’emplois durables, tout en préservant les ressources locales et en renforçant l’identité territoriale.

         Pour lui ; la province d’Ifrane et avec elle ; le Moyen Atlas central sont porteurs d’un patrimoine culturel et immatériel exceptionnel et d’une grande richesse, incarné par les traditions rurales, l’architecture vernaculaire en pierre, les savoir-faire artisanaux, la musique locale et la gastronomie régionale. Ces expressions culturelles, profondément enracinées dans l’histoire des communautés locales, témoignent d’une relation harmonieuse et séculaire entre les populations et leur environnement.

      À cette richesse humaine souligne Dr Hassan Achiban ; s’ajoute un patrimoine naturel remarquable, façonné par une longue histoire géologique. La région abrite une diversité exceptionnelle de paysages volcaniques, karstiques et forestiers, témoins vivants de millions d’années d’évolution. Montagnes, lacs, sources, cédraies majestueuses et formations géomorphologiques uniques composent un ensemble naturel d’une valeur patrimoniale inestimable, encore trop souvent méconnu et sous-valorisé.

      D’après Dr Hassan Achiban ; la province volcanique d’Ifrane, représente un cas géologique unique au monde. On y observe une combinaison exceptionnelle de volcanisme basaltique récent (Quaternaire), de karst calcaire ancien, et de tectonique active, notamment à travers la faille nord-moyen-atlasique. Ce territoire concentre, sur environ 2 500 km², une diversité remarquable de formes volcaniques : maars, cônes stromboliens, cratères composites, coulées de lave, tufs, dolines d’effondrement et lacs volcaniques. Plus de 200 dolines ont été recensées dans la seule province d’Ifrane, certaines atteignant plusieurs centaines de mètres de diamètre. Il s’agit là d’une densité et d’une conservation morphologique rares à l’échelle mondiale.

      Le champ de maars de cette province volcanique a-t-il ajouté ; compte parmi les cinq plus grands au monde et constitue le seul ensemble de cette ampleur en Afrique du Nord. Ces cratères d’explosion phréatomagmatique sont remarquablement grands et bien préservés (certains dépassent   2500 mètres de diamètre).

      Contrairement à d’autres provinces volcaniques situées sur des marges de plaques tectoniques (Andes, Japon, Islande), le Moyen Atlas est un exemple rare de volcanisme intracontinental de distension, ce qui en fait un laboratoire naturel exceptionnel pour l’étude des interactions entre volcanisme, karstification et tectonique active. Cette richesse attire déjà de nombreuses équipes de recherche marocaines et étrangères (françaises, espagnoles, allemandes…), qui trouvent dans cette région un terrain d’étude de première importance a-t-il précisé.

       Il s’agit d’un géopatrimoine d’envergure universelle, doté d’un potentiel scientifique, éducatif et touristique considérable. Son état de conservation exceptionnel, combiné à sa grande diversité géomorphologique, justifie pleinement sa candidature à une reconnaissance internationale, notamment en tant que Géoparc UNESCO.

       Sur ce ; a-t-il lancé : Nous appelons à la mobilisation de tous les acteurs : chercheurs, institutions, collectivités territoriales, média, acteurs associatifs, citoyens et décideurs politiques, autour d’une vision commune pour un territoire reconnu, protégé et valorisé. Un territoire où la science, la nature et la culture convergent pour bâtir un modèle de développement durable enraciné dans la richesse du territoire et le respect de ses valeurs.

      Préserver, comprendre et partager notre patrimoine, c’est investir dans l’avenir. C’est offrir aux générations futures un territoire vivant, durable et fier de son identité a-t-il conclu.