L’Agence du Bassin Hydraulique de la Moulouya, Acteur incontournable de la gestion Efficiente des ressources en eau

Mohammed Drihem

     Suite aux dernières précipitations qu’a connues le Pays en général et le bassin Hydraulique de la Moulouya en particulier, le stock des eaux au niveau des barrages au niveau de ce bassin, a connu une nette  amélioration par rapport à la même date de l’année précédente et a atteint en date du 1èr octobre 2024 dernier ; quelques 394 millions de mètres cubes répartis sur le Barrage Tamalout  avec 5,929 Millions et un taux de remplissage de 13%, Barrage  Hassan II avec 50,44 millions et un taux de remplissage de14%, Barrage Enjil avec 3,884 millions et un taux de remplissage de 42%, Barrage sur Oued Za avec 215,708 million et un taux de  95%, Barrage Mohamed V avec 115,589 millions et un taux de remplissage de 70% et enfin ; Barrage Mechraa  Hammadi avec 2,658 millions et un taux de 57% soit un total de 394,208 millions de mètres cubes mobilisés avec un taux de remplissage global de 49%.

      Ceci dit, selon les responsables de l’ABHM ; il est tôt de dire que le bassin de la Moulouya a surmonté le stress hydrique qui sévissait depuis plus de six ans. Par conséquent, il est impératif de poursuivre les efforts en matière d’économie de l’eau, de rationalisation de son utilisation et de sa préservation contre toute forme de gaspillage et de pollution.

       A rappeler que le Bassin de la Moulouya comprend plusieurs infrastructures hydrauliques, à savoir les barrages Hassan II, Mohamed V, Machraa Hammadi, barrage sur Oued Za, et le complexe hydraulique Sfeissif-Rkiza et barrage Enjil, en plus des barrages Targaoumadi et Béni Azzimane en cours de construction, totalisant une capacité de stockage de 1,2 milliard de mètres cubes.

       Il est à noter aussi que le projet de surélévation du barrage Mohamed V (Province de Nador), est en cours avec un taux d’avancement de 45%, le barrage aura une capacité de stockage d’environ un milliard de mètres cubes après l’achèvement du projet ; quant aux barrages Targaoumadi (Province de Guercif) et Béni Azzimane (Province de Driouch), ils sont en cours de construction, avec des taux d’avancement respectifs de  52%  et 56% et des capacités de stockage respectives de 287 millions de mètres cubes et 44 millions de mètres cubes.

       Ces projets selon l’ABHM, permettront de garantir et sécuriser l’approvisionnement en eau potable et touristique des villes de la région notamment Berkane, Oujda, Nador et Taourirt et sauvegarder l’irrigation des périmètres de la basse Moulouya. Le Bassin de la Moulouya comprend aussi, une soixantaine de petits barrages. Ceci s’ajoute à la station de pompage Moulay Ali à l’aval du barrage Mechraa Hammadi, et le canal principal rive droite et le canal principal rive gauche totalisant tous les deux un linéaire de 288 km.

       Par ailleurs ; il y’a lieu de souligner que dans le cadre du suivi et de la mise en œuvre de la convention de partenariat pour le financement et la réalisation des actions urgentes et structurantes au niveau du bassin hydraulique de Moulouya, l’Agence a procédé à l’actualisation de la bathymétrie au niveau des barrages Mohamed V, Oued Za et Hassan II et à la mise en place des barges flottantes au niveau du barrage Mohamed V.

      Dans ce même cadre, un programme ambitieux de prospection des nappes a été réalisé par l’ABHM pour le dégagement de nouvelles ressources en eaux souterraines : une trentaine de forages ont été réalisés ayant  dégagé un débit global d’environ 535 l/s  et ce au niveau des provinces de Oujda, Taourirt, Berkane, Guercif, Nador, Driouch et Figuig. Le coût de ces travaux a atteint les 10 millions Dh.

A Propos du Bassin de la Moulouya

        Constituant l’un des plus grands bassins du pays, le Bassin de la Moulouya est situé au Nord-Est du Maroc où Il s’étend sur 74000 km2 couvrant ainsi 11% de la superficie du territoire national. Il comprend Le bassin principal de l’oued Moulouya avec une superficie de 55000 km2 qui draine les eaux du Rif oriental et du moyen Atlas à l’ouest ainsi que le haut Atlas au sud. Il comprend également les Bassins côtiers méditerranéens, qui abritent les Oueds Kert, Boudinar, et Amekrane à l’ouest de la Moulouya, la partie marocaine des bassins Kiss et Isly à l’est de la Moulouya, la partie marocaine du Bassin Zousfana à l’extrême sud-est.

       Le bassin Hydraulique de la Moulouya couvre quatre régions à savoir la région de l’Oriental, avec 7 provinces en totalité : Berkane, Taourirt, Jerada, Guercif, Oujda-Angad, Driouch, Nador et une partiellement (Figuig) ; la région de Fès-Meknès avec 2 provinces partiellement : Taza et Boulemane ; la région de Béni Mellal-Khénifra avec une petite partie de la province de Khénifra; et enfin la région de Draa-Taflilalet avec une province en partie (Midelt).    

A Propos de l’ABHM

       L’Agence du Bassin Hydraulique de la Moulouya est un établissement public, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle est régie par un conseil d’administration, présidé par le Ministre de l’Equipement et de l’Eau, M. Nizar Baraka et compte 22 membres, représentant l’ensemble des intervenants dans le secteur de l’eau. Elle a pour mission l’évaluation, la planification et la gestion des ressources en eau au niveau du Bassin Moulouya.

       Selon le recensement de 2014, la population de la zone d’action de l’Agence du Bassin Hydraulique de la Moulouya, s’élève à 2,6 millions d’habitants, soit 8% de la population totale du Royaume.

      Sur le plan économique, l’agriculture représente la principale activité du territoire de l’Agence avec une surface agricole utile de 889450 ha

Le pâturage est également répandu dans le Bassin de la Moulouya, notamment dans les provinces de Figuig, Jerada, Taourirt, Guercif et Boulemane.

L’industrie et les services sont concentrés dans les zones urbaines comme Oujda et Nador. Le tourisme, quant à lui, présage un développement considérable notamment dans la région du nord entre Saidia et Nador.

Le bassin de la Moulouya est connu également  par l’existence de multiples gisements miniers. Les principaux gisements sont situés dans le sud et le nord et concernent notamment : le plomb, le zinc, la bentonite ou argile smectique, la barytine, l’argent et le fer.

Toutes ces activités ont autant d’effets positifs sur l’économie de la région et son rôle dans l’amélioration du niveau de vie de la population. Néanmoins, ce développement économique exerce une pression considérable sur les ressources hydriques. L’Agence du Bassin doit faire face non seulement à la croissance de la demande des secteurs économiques, mais également à la hausse des besoins en eau dictés par la poussée démographique et l’urbanisation croissante.

En outre, l’effet des changements climatiques est fortement ressenti dans le Bassin de la Moulouya et rend la gestion des ressources en eau encore plus problématique.

Un climat aride à sec règne sur le Bassin de la Moulouya avec des influences de la Méditerranée dans le nord-est, et un climat continental dans la Haute Moulouya. La moyenne annuelle des précipitations est de l’ordre de 211 mm.

Concernant les ressources en eau mobilisées, elles sont évaluées à 1270 millions de mètres cubes dont 840 millions pour les eaux de surface, et 430 millions pour les eaux souterraines exploitables. La demande en eau quant à elle, est de l’ordre de 1400 millions de mètre cubes à l’horizon 2030.