Le Centre de coopération pour la Méditerranée de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN Med) a présenté jeudi 11 décembre 2025 à Madrid un nouveau rapport intitulé « Biodiversité et agriculture dans la région méditerranéenne : Une perspective de conservation des espèces ». Ce rapport alerte sur la menace croissante que représentent les pratiques agricoles non durables pour la biodiversité méditerranéenne et montre qu’une agriculture bien gérée peut devenir un allié clé pour la conservation.
Le rapport révèle qu’au moins 28% des espèces évaluées sont affectées par des pratiques agricoles non durables, telles que la monoculture, l’utilisation excessive de pesticides et d’engrais ou le surpâturage. Ces pressions entraînent la perte et la dégradation des habitats, affectant les oiseaux, les mammifères, les arthropodes, les plantes et d’autres groupes essentiels au fonctionnement des écosystèmes.
Cependant, la recherche souligne également que 18% des espèces méditerranéennes dépendent des paysages agricoles pour survivre, en particulier ceux qui sont gérés de manière traditionnelle, diversifiée et en mosaïque. Ces paysages agricoles constituent des habitats importants pour de nombreuses espèces.
« La Méditerranée est un point chaud de biodiversité et un paysage façonné depuis des millénaires par l’agriculture. Cependant, nous sommes aujourd’hui confrontés à l’urgence d’équilibrer la production alimentaire et la conservation de la nature », affirme Maher Mahjoub, directeur du Centre de coopération pour la Méditerranée de l’UICN.
Mercedes Muñoz Cañas, coordinatrice du programme Conservation de la nature et systèmes alimentaires de l’UICN Med et co-auteure du rapport de l’UICN présenté à Madrid, souligne : « Les pratiques agricoles durables réduisent les menaces qui pèsent sur de nombreuses
espèces tout en favorisant la production alimentaire et la résilience des écosystèmes, allant même jusqu’à améliorer la biodiversité. Nous voulons rassembler les points de vue, relier les preuves scientifiques aux voix du territoire et, surtout, identifier des propositions réalistes qui profitent au secteur et à la nature ».
Le rapport conclut en appelant les gouvernements et les acteurs du secteur agroalimentaire à intégrer les objectifs de biodiversité dans leurs politiques agricoles. Dans l’UE, cela signifie renforcer la politique agricole commune et la mise en œuvre du règlement sur la restauration de la nature; en Afrique du Nord, s’aligner sur le cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal.